Rougeurs, démangeaisons, brûlures, écoulement… lorsque l’on est touché par une infection sexuelle, certains symptômes nous poussent à consulter. Mais bien souvent, ces maladies se développent sans faire de bruit. Que faut-il savoir, comment les dépister ?

Les IST, ou Infections Sexuellement Transmissibles, sont des virus, bactéries, champignons et parasites qui se transmettent lors de relations sexuelles non ou mal protégées. Lorsque l’on est contaminé par une IST, les risques de contamination par le VIH/sida augmentent car les muqueuses sont fragilisées.

Les infections silencieuses

Elles sont bien présentes mais ne montrent parfois aucun ou peu de symptômes durant des mois voire des années.

monstres_ist

Le chlamydiae

C’est l’IST la plus répandue chez les jeunes de 16 à 25 ans. Sans symptôme dans 50 à 70 % des cas, elle peut se manifester par des brûlures en urinant, des douleurs vaginales ou des testicules, un mal de gorge persistant voire des douleurs abdominales et une fièvre dans les cas avancés.

C’est grave docteur ?  

Ça peut le devenir si l’infection est mal ou non soignée :

  • Chez les femmes, cela peut provoquer une salpingite (infection des trompes reliant l’utérus aux ovaires…) et augmenter les risques de stérilité ou de développer une grossesse hors de l’utérus.
  • Chez les hommes, des complications telles qu’une infection de la prostate, des testicules ou de l’épididyme (le cordon situé au-dessus de chaque testicule) peuvent apparaître.

Comment ça se soigne ?

Un traitement antibiotique est à prendre pendant 4 à 5 jours.

Comment ça se transmet ?

  • Lors d’un rapport sexuel, qu’il y ait pénétration ou non, et quel que soit le sexe de son partenaire.
  • Lors de caresses ou de frottements intimes : les sexes se touchent même sans pénétration, mais aussi quand les mains passent entre les sexes.
  • Lors de rapports oro-génitaux (fellation, cunnilingus, anulingus, etc.).
tableau_syphilis

Comment ça se détecte ?

  • Chez la femme : par un prélèvement local indolore, à l’entrée du vagin ou un échantillon d’urine.
  • Chez l’homme : par un recueil des urines ou un prélèvement à l’entrée de l’urètre.

Le VIH

C’est la plus connue des IST et c’est aussi la plus grave.

C’est grave docteur ?

Oui, car une fois infecté, autrement dit lorsqu’on est séropositif, le virus reste à vie dans l’organisme, même sous traitement.

Lorsqu’il évolue, le virus affaiblit le système immunitaire et l’empêche de se défendre. Le corps peut alors attraper toutes les maladies infectieuses, voire développer certains cancers face auxquels il est devenu plus sensible.

On peut vivre avec le VIH sans “avoir le SIDA” ?

On parle de SIDA quand la personne infectée par le VIH ne peut plus se défendre contre des maladies normalement peu agressives . Ces maladies opportunistes s’attaquent à l’organisme dont les défenses immunitaires ne jouent plus leur rôle protecteur. Le SIDA ou Syndrome de l’ImmunoDéficience Acquise est le stade terminal de l’infection. Lorsque l’évolution du virus parvient à être stabilisée avec l’aide de traitements, les personnes séropositives peuvent avoir une qualité de vie normale.

Comment ça se soigne  ?

Le seul traitement disponible est ce qu’on appelle la trithérapie, c’est-à-dire l’association de trois molécules différentes pour lutter efficacement contre le virus. Différentes associations de molécules existent en fonction des personnes et des situations. Mais quelle que soit l’option, il s’agit d’un traitement médicamenteux quotidien. Il doit être pris toute la vie, et il nécessite un suivi rigoureux par des spécialistes.

“J’ai eu un rapport sexuel à risque, que dois-je faire ?” 

Pas de panique ! Des solutions existent.  → En savoir plus

Comment ça se transmet ?

Le VIH peut se transmettre de trois façons :

  • Par voie sexuelle, lors de rapports intimes non ou mal protégés
  • Par l’allaitement de la mère à l’enfant
  • Par le sang
tableau_vih

Comment ça se détecte ?

Le test du VIH est un examen biologique simple. Il s’agit d’une prise de sang qui ne nécessite pas d’être à jeun. Elle peut être prescrite par tout médecin, ou réalisée gratuitement et de manière anonyme dans un Centre Gratuit d’information, de Dépistage et de Diagnostic (CeGIDD). Le résultat est connu après quelques jours.

Au-delà de trois mois après le risque de contamination, il est également possible de réaliser un TROD, pour Test Rapide d’Orientation Diagnostique. Il présente l’avantage d’être quasiment immédiat : le résultat est connu en quelques minutes à partir d’une goutte de sang piquée au bout du doigt. Ce test peut également être réalisé dans un CeGIDD, ou auprès d’associations agréées.

Le papilloma virus (HPV)

Les papilloma virus ou HPV sont une famille de virus qui affectent la peau et les muqueuses. Il en existe plus de 200 différents ; on parle de génotypes. Cette infection peut parfois passer inaperçue ou alors se manifester sous forme de verrues appelées condylomes.

C’est grave docteur ?

Généralement, le virus s’élimine naturellement en un à deux ans et l’infection n’a aucune conséquence sur la santé. Cependant, dans près de 10% des cas, le virus n’est pas éliminé par notre organisme et persiste. En fonction du génotype concerné, il peut évoluer vers des lésions précancéreuses des muqueuses, voire vers un cancer si ces lésions ne sont pas dépistées précocement : c’est le cancer du col de l’utérus.

Comment ça se soigne ?

Si le HPV ne montre parfois aucun symptôme, un ou plusieurs condylomes peuvent apparaître sur les organes génitaux ou l’anus.

Ils se soignent à l’aide :

  • de crèmes à appliquer :
  • ou de traitement par le froid (cryothérapie) ou traitement au laser.

Ces verrues sont très contagieuses ! Tant que l’infection n’a pas disparu totalement, les rapports sexuels doivent être évités ou protégés par un préservatif.

Par ailleurs, il existe un vaccin préventif du cancer du col de l’utérus pour les jeunes femmes.

→ Plus d’infos sur le vaccin préventif contre le HPV.

Comment ça se transmet ?

  • Lors de contacts sexuels (oral, anal, vaginal, pénis).
  • Au contact de petites blessures lors de caresses sexuelles (transmission par les doigts).
  • Par transmission de la mère à l’enfant lors de l’accouchement.
tableau_phv

Comment ça se détecte ?

  • Chez les femmes : par un examen médical si des verrues sont visibles et surtout par un frottis du col de l’utérus recommandé tous les 3 ans entre 25 et 65 ans.
  • Chez les hommes : par un examen médical si des verrues sont visibles.

La syphilis

Le “tréponème pâle” est le nom de la bactérie responsable de la syphilis. Après avoir été éradiquée grâce à l’invention des antibiotiques, cette IST connaît une recrudescence inquiétante à La Réunion depuis plusieurs années, en raison de la baisse du niveau de protection et de dépistages encore insuffisants.

C’est grave docteur ?

La syphilis peut se manifester de 3 façons différentes, en fonction du stade de développement dans le corps. On parle de syphilis primaire, secondaire et tertiaire. Non traitée, elle peut être mortelle.

Comme beaucoup d’IST, la syphilis augmente les risques d’être contaminé par le VIH, raison supplémentaire pour qu’elle soit dépistée et traitée le plus tôt possible !

Certaines personnes sont porteuses de la syphilis durant des années sans le savoir car elle fait partie des IST pouvant rester silencieuses durant de très longues périodes.

Syphilis primaire : entre 2 à 6 semaines après l’infection

Une petite plaie indolore et propre aussi appelée “chancre mou” se développe sur la peau ou les muqueuses (le pénis, le gland, les testicules, le clitoris, le vagin, l’anus, les tétons, le rectum, les lèvres, la bouche, la gorge). Cette plaie disparaît spontanément après 3 à 6 semaines et peut passer complètement inaperçue. Néanmoins, sans traitement, le virus reste en sommeil dans le corps.

Syphilis secondaire : 6 semaines à 6 mois après la phase primaire

Durant cette phase, la bactérie se répand dans l’organisme et se manifeste par des lésions cutanées pouvant prendre des formes très variées : aspect, grosseur, couleur… C’est pourquoi il est peut être difficile de les distinguer d’autres problèmes dermatologiques.

  • Des rougeurs ou des boutons apparaissent sur les parties génitales, la poitrine, le dos ou sur les paumes des mains et les plantes des pieds.

Ces symptômes disparaîtront sans traitement mais l’infection est toujours présente. Durant cette période, la syphilis reste tapie dans l’ombre sans provoquer de gêne particulière mais elle évolue doucement dans l’organisme.

Syphilis tertiaire : plusieurs années après l’infection

Seul 10% des patients en phase de latence vont évoluer vers ce stade. La peau, les os et les organes vitaux peuvent être affectés des années après la première infection notamment le système nerveux et cardio-vasculaire.

Comment ça se soigne ?

La syphilis se soigne à l’aide d’antibiotiques. Une analyse sanguine 6 mois après le traitement est nécessaire pour vérifier que les médicaments ont bien agi.

Comment ça se transmet ?

Lors de contacts sexuels (oral, anal, vaginal, pénis) même, sans pénétration avec, une personne infectée, en phase contagieuse.

tableau_syphilis

Comment ça se détecte ?

Par un examen médical et/ou une prise de sang, qui peut être prescrite par un médecin ou réalisée gratuitement dans un Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic (CeGIDD).

Les infections bruyantes

Par opposition aux infections silencieuses, on parle d’infections bruyantes lorsque des symptômes et des problèmes de santé se font sentir rapidement.

La chaude-pisse

Bien qu’assez peu connue, la chaude-pisse ou blennoragie à gonocoque ne passe pas inaperçue car ses symptômes sont très désagréables.

Quels symptômes ?

  • Brûlures lorsque l’on urine
  • Écoulement jaune verdâtre par le vagin, la verge ou l’anus (la gonorrhée)
  • Douleurs vaginales, testiculaire, au bas ventre,
  • Fièvre

Attention, parfois la gonorrhée ne se manifeste pas tout de suite, surtout chez la femme.

C’est grave docteur ?

Lorsque elle est traitée assez tôt, il n’y a pas de conséquences graves pour la santé. En revanche, des complications sérieuses peuvent s’installer :

  • Chez l’homme : inflammation des testicules pouvant rendre stérile, inflammation de la prostate, difficultés à uriner…
  • Chez la femme : infertilité, abcès des ovaires, grossesse extra-utérine, transmission à l’enfant lors d’un accouchement…

Comment se transmet-elle ?

  • Lors de contacts sexuels (pénétration vaginale, anale, fellation, cunnilingus, anulingus).
  • Lors de caresses sexuelles (transmission par les doigts).
  • Par transmission de la mère à l’enfant lors de l’accouchement.
tableau_phv

Comment ça se soigne ?

La gonorrhée se soigne généralement à l’aide d’antibiotiques.

Comment ça se détecte ?

Par un examen médical et un prélèvement local. Pour la dépister, le médecin peut demander également une analyse d’urine.

L’herpès génital

Sa particularité ? Une fois contracté, on ne s’en débarrasse plus jamais !

Quels symptômes ?

Ceux-ci peuvent apparaître 2 à 20 jours après la contamination ou plusieurs années après avoir été infecté. Dans des moments de stress ou de grande fatigue, les symptômes apparaissent et provoquent des crises, pendant lesquelles on est très contagieux.

  • Cloques remplies de liquides ou des boutons douloureux sur les organes génitaux, l’anus, la bouche ou même les yeux ;
  • Démangeaisons ;
  • Des maux de tête, de ventre et des douleurs quand on urine.

C’est grave docteur ?

L’herpès n’est pas “grave” mais comme toute les IST, elle fragilise les muqueuses et augmente ainsi le risque de contracter le VIH. De plus, elle est extrêmement contagieuse et ce, à chaque moment de crise (fatigue, stress…).

Comment ça se soigne ?

L’herpès ne se guérit pas réellement car une fois installé, le virus ne sera jamais éradiqué. En revanche, des traitements permettent de soulager et de diminuer les poussées d’herpès. Grâce à des médicaments dits “antiviraux” à appliquer sur la zone concernée ou par voie orale en cas de récidives nombreuses. Le traitement antiviral peut également être associé à un médicament contre la douleur (antalgique).

Comment se transmet-elle ?

  • Lors des rapports sexuels non protégés par contact direct avec les cloques présentes au niveau de la vulve, du pénis ou de l’anus.
  • S’il s’agit d’herpès buccal (bouton de fièvre) : la transmission est possible s’il y a contact de la bouche à la vulve, au pénis ou à l’anus.
  • Par transmission de la mère à l’enfant.
tableau_phv

Comment ça se détecte ?

L’herpès peut être dépisté par un examen médical, une prise de sang ou un prélèvement sur les cloques à l’aide d’un coton-tige.

Pour poser vos questions ou vous faire dépister → voici les centres de références qui existent à La Réunion.

Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.