Le cannabis – ou « zamal » à La Réunion – possède des vertus thérapeutiques éprouvées depuis l’Antiquité et confirmées par de récentes études (1) . Quels maux peut-il soulager, comment ça marche… Le point sur les possibles usages médicaux du cannabis !

Le zamal (chanvre indien), ou cannabis, possède des vertus thérapeutiques confirmées par de récentes études cliniques (1). Pour soigner quel maux ? Comment ça marche ? Quels sont les effets secondaires et les effets indésirables ? Le cannabis thérapeutique est-il légal en France ou ailleurs dans le monde ? Une multitude de questions auxquelles nous tâcherons de répondre, comme nous l’avons déjà fait pour savoir les effets du zamal sur mon corps.

Zamal ou cannabis : une plante, plusieurs usages

Zamal, cannabis…Sous ces différents termes, on trouve en réalité une même plante : Cannabis sativa. Une plante que tout le monde n’utilise pas pour la même chose. On distingue 3 usages différents (2) :

  • un « usage récréatif » lorsque le cannabis est consommé pour ses effets psychotropes (qui modifient la perception, les sensations, l’humeur, la conscience, le comportement…),
  • un « usage bien-être » lorsqu’il est consommé – spontanément et hors de toute prescription médicale – pour ses effets apaisants, antidouleurs ou autres,
  • un « usage thérapeutique » ou « médical » lorsqu’il fait l’objet d’une prescription médicale précisant un dosage, une posologie, etc. Cet usage est aujourd’hui très confidentiel en France.

Les effets du Zamal (Cannabis) sur mon corps

Quelles utilisations médicales pour le cannabis ?

L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) juge pertinent l’usage du cannabis à visée thérapeutique lorsque les traitements classiques se révèlent insuffisants ou mal tolérés par les patients. Et son efficacité est prouvée :

  • contre les douleurs neuropathiques réfractaires à d’autres traitements, médicamenteux ou non (maladie de Parkinson, …),
  • dans certaines formes d’épilepsies sévères et résistantes aux médicaments
  • contre les nausées, vomissements, perte d’appétit liés au traitement du cancer
  • dans le cadre de soins palliatifs, pour une fin de vie plus douce
  • contre les spasmes musculaires douloureux liés à une sclérose en plaques (SEP) ou autres pathologies du système nerveux central ou périphérique

Le cannabis thérapeutique, comment ça marche ?

« Dans le cannabis, il y a deux types de composés qui intéressent les scientifiques et les usagers :

  • le THC (Δ-9-tétrahydrocannabinol) pour son effet psychotrope
  • et le CBD (cannabidiol), le plus étudié en termes thérapeutiques, et qui ne possède pas d’effet psychotrope”

explique le Dr Rémi Foubert, Médecin généraliste, Médecin régulateur au SAMU de La Réunion (dans le cadre de l’association ARRMEL – Association Réunionnaise des Régulateurs Médicaux d’Exercice Libéral) et Vice-président de l’association SAOME.

« Chaque variété de cannabis présente des dosages différents en THC et en CBD, avec chacune ses vertus » (soulagement des contractures musculaires, antidouleur, euphorisant, etc.).

Le cannabis est-il déjà utilisé pour ses vertus thérapeutiques ?

L’usage de la “marijuana médicale” est aujourd’hui très rare en France : il est prescrit uniquement en hôpital, par des médecins spécialistes en neurologie, douleur, etc. et après échec d’autres traitements.

Il est autorisé dans une trentaine de pays comme le Canada, Israël, 33 états des Etats-Unis, etc. 21 des 28 pays européens autorisent également le cannabis à usage thérapeutique à différents niveaux.

En France, y compris à La Réunion, « il existe déjà des produits contenant du CBD vendus en pharmacie (cristaux de CBD, huiles, etc.). Mais ils ne comportent aucune précision sur le dosage ni indication sur les posologies, précise le Dr Foubert, ce qui pourrait compliquer une [éventuelle et future] prescription. Ces produits sont par ailleurs chers et non remboursés ».

« Certaines personnes consomment du zamal pour rechercher l’effet du CBD, poursuit-il. Et la balance bénéfice/risque paraît plus intéressante avec le CBD qu’avec d’autres médicaments ou molécules. Il pourrait par exemple y avoir moins de complications cardiaques, digestives, rénales, etc. avec le CBD qu’avec des anti-inflammatoires ».

Pour Gilles Narboni, pharmacien, « il serait intéressant de faire une étude à La Réunion, du fait que la pharmacopée traditionnelle valorise le cannabis comme antidouleur, souvent sous la forme de tisanes. Nous avons connaissance de patients qui utilisent cette plante pour traiter des douleurs liées à de l’arthrose, ou à une infection au chikungunya. »

Cannabis médical ou zamal thérapeutique : une expérimentation pour envisager bientôt son utilisation en France

L’Assemblée Nationale a voté en décembre 2019 la mise en place d’une expérimentation sur le cannabis à usage médical. Objectif : « évaluer en situation réelle le circuit de prescription et délivrance ainsi que l’adhésion des professionnels de santé et des patients à ces conditions »(3). Et, en seconde intention : valider l’efficacité du cannabis et recueillir des données sur la sécurité de son usage (il existe déjà une large bibliographie sur les effets des différents composés du cannabis).

L’expérimentation, autorisée par le décret 2020-1230 du 7 octobre 2020 (5), durera 2 ans et concernera 3 000 patients. Pour l’heure, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) étudie la liste des structures de référence(6) qui pourraient l’accueillir.

Loin de prendre la forme de joints sur ordonnance, le cannabis à usage médical pourrait être administré par vaporisation(4) de fleurs séchées (la forme la plus efficace de consommation, car elle offre la meilleure biodisponibilité du produit, sans les effets néfastes de la combustion), en huile, en gélules… Surtout, les futurs médicaments seraient disponibles uniquement sur ordonnance sécurisée et préciseraient la composition, la posologie, les indications et contre-indications selon la variété de cannabis utilisée.

Sources

(1) Exemples d’études validant les effets du cannabis thérapeutique sur les douleurs neuropathiques chez l’homme :

Toth, C.; Mawani, S.; Brady, S.; Chan, C.; Liu, C.; Mehina, E.; Garven, A.; Bestard, J.; Korngut, L. An Enriched-Enrolment, Randomized Withdrawal, Flexible-Dose, Double-Blind, Placebo-Controlled, Parallel Assignment Efficacy Study of Nabilone as Adjuvant in the Treatment of Diabetic Peripheral Neuropathic Pain. Pain 2012, 153 (10), 2073–2082. https://doi.org/10.1016/j.pain.2012.06.024.

Nurmikko, T. J.; Serpell, M. G.; Hoggart, B.; Toomey, P. J.; Morlion, B. J.; Haines, D. Sativex Successfully Treats Neuropathic Pain Characterised by Allodynia: A Randomised, Double-Blind, Placebo-Controlled Clinical Trial. PAIN® 2007, 133 (1), 210–220. https://doi.org/10.1016/j.pain.2007.08.028.

(2) Réglementation et impact des différents usages du cannabis – assemblée nationale

(3) Situations thérapeutiques pour lesquelles l’usage du cannabis est pertinent – ansm.sante.fr

(4) La vaporisation du cannabis chauffe la plante sans le brûler. Elle est à différencier du vapotage d’e-liquide contenant du cannabis, dangereux d’après Gilles Narboni

(5) Décret n° 2020-1230 du 7 octobre 2020 relatif à l’expérimentation de l’usage médical du cannabis – legifrance.gouv.fr

(6) Les structures de référence sont les services hospitaliers volontaires prenant en charge l’une des cinq indications retenues pour l’expérimentation (cf paragraphe Quelles utilisations médicales pour le cannabis ?)

Partager :

Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.