
Il touche entre 20 et 30 % d'entre nous, provoque des maladies du cœur et des artères, et peut même être mortel : le cholestérol est souvent décrit comme un ennemi de la santé. Mais qu'en est-il vraiment ?
Qui n'a pas entendu dire ou dit lui même un jour cette phrase banale, et pourtant dénuée de sens : "J'ai du cholestérol" ? Pourquoi dénuée de sens ? Parce que nous avons tous du cholestérol : cette graisse est présente naturellement dans l'organisme, et elle est indispensable à la vie.
Ce qui peut poser problème en réalité, c'est l'excès de cholestérol. Comme l'hypertension, c'est un grand facteur de risque pour les maladies du cœur et de la circulation : AVC, infarctus du myocarde, etc.
En France, un infarctus sur deux serait dû au cholestérol, et plus d'un adulte sur 5 présenterait un excès. Si La Réunion est l'un des départements français où l'on consomme le moins de médicaments contre le cholestérol, un grand nombre de Réunionnais sont victimes d'accidents cardiovasculaires chaque année. Dans notre île, une personne sur quatre meurt d'une maladie du cœur et des vaisseaux.
Le cholestérol est une graisse qui circule dans le sang. Il est indispensable à notre santé car il intervient dans différents mécanismes essentiels au bon fonctionnement du corps :
Si les excès de cholestérol sont néfastes pour la santé, nous pouvons donc aussi imaginer qu’un taux de cholestérol trop bas peut avoir de graves répercussions sur la digestion, la constitution des membranes cellulaires, les hormones, la vitamine D...
La carence en cholestérol est peu commune
Il faut noter que la carence en cholestérol, ou hypocholestérolémie, est un phénomène rare. Elle peut être d’origine génétique ou peut être secondaire. Cela signifie qu’elle peut être la conséquence d’un autre phénomène comme :
• une dénutrition, un régime trop stricte
• une malabsorption du cholestérol
• une pathologie telle qu’un cancer
On entend souvent parler de bon et de mauvais cholestérol. Ce n'est pas tout à fait exact. En réalité, il n'existe qu'un seul cholestérol. En revanche, le cholestérol est véhiculé dans le sang par deux transporteurs différents. Selon qu'il est associé à l'un ou à l'autre, les effets du cholestérol vont être différents.
Pourquoi le cholestérol ne peut pas circuler dans le sang par lui-même ?
Comme on l'a dit, le cholestérol est une graisse. Et les graisses sont hydrophobes : elles "n'aiment pas l'eau". Par conséquent, les graisses ne peuvent pas se dissoudre dans l'eau, donc dans le sang non plus puisqu'il en contient beaucoup. Lancé tout seul dans notre flux sanguin, le cholestérol flotterait bêtement à la surface, inutile, comme la graisse du boucané dans la marmite d'eau. Le cholestérol a donc besoin d'un transporteur pour pouvoir circuler dans le sang. Ces transporteurs sont appelées lipoprotéines.
Il en existe deux sortes principales :
Les LDL (Low Density Lipoprotein) transportent le cholestérol du foie vers les organes et les tissus. Lorsqu'il est dans ce transporteur, le cholestérol devient ce qu'on appelle le LDL-Cholestérol, que l'on appelle communément le "mauvais cholestérol".
Pourquoi ? Parce que lors de ce voyage, le cholestérol est susceptible de se déposer sur les parois des artères. S'il s'y accumule, il finit par former des amas appelés « plaques d’athérome », responsables de nombreuses maladies cardiovasculaires. Ainsi, un taux élevé de LDL-cholestérol est associé à un risque cardiovasculaire accru.
Les HDL (High Density Lipoprotein) transportent le cholestérol en faisant le chemin inverse : depuis les organes vers le foie. On parle alors de HDL-Cholestérol, ou de "bon cholestérol". Parce qu'en circulant dans le sang, les HDL-Cholestérol aspirent le cholestérol en excès dans les cellules. Ils le transportent alors vers le foie, où il sera éliminé.
Des études ont démontré qu’un taux élevé de HDL-cholestérol était associé à une diminution du risque cardiovasculaire. En effet, les lipoprotéines HDL ont auraient pouvoir protecteur pour notre réseau sanguin car elles "nettoient" les parois des vaisseaux. Le HDL-cholestérol pourrait également présenter des propriétés anti-inflammatoires.
Cependant, même si son utilité est prouvée dans l'organisme, avoir un taux de HDL-cholestérol très, voire trop élevé n'apporte pas de bénéfices supplémentaires !
En résumé, nous avons tous du cholestérol, et c'est plutôt une bonne chose pour notre survie ! Comme souvent en matière de santé, ce qui est important, c'est la mesure : ni trop peu, ni en excès. Pour le cholestérol, il y a donc des valeurs à ne pas dépasser, sous peine de basculer dans une hypercholestérolémie.
On parle d'excès quand l'un des taux de cholestérol est supérieur aux valeurs de référence. Le taux de cholestérol est mesuré en grammes par litre de sang. Chez une personne en bonne santé, il devrait respecter les valeurs suivantes :
LDL-Cholestérol : un seuil variable en fonction du risque
Le taux de LDL-Cholestérol maximal souhaitable varie en fonction de nos autres facteurs de risque cardiovasculaires. Plus nous présentons de risques, et plus il est conseillé de maintenir un taux de LDL-Cholestérol faible. Chez les personnes présentant un niveau de risque élevé, il peut ainsi être nécessaire de maintenir le LDL-Cholestérol sous la barre des 0,7 g / L.
L'excès de cholestérol est l'un des ennemis de nos artères. Lors de son trajet vers les organes, le LDL-cholestérol qui ne peut pas être éliminé finit par se déposer sur la paroi de nos vaisseaux sanguins. Il forme alors des plaques de déchets graisseux qu'on appelle plaques d'athérome. C'est le cas en particulier dans les artères des jambes et du cœur, et dans les vaisseaux du cou qui vont vers le cerveau.
Ce dépôt de graisse pose deux problèmes potentiellement graves :
On a longtemps cru que le cholestérol provenait de notre alimentation. Ce n'est pas entièrement vrai. On sait aujourd'hui que le cholestérol est surtout fabriqué par notre foie, qui en produit 80 %. Seuls les 20 % restants sont issus de notre alimentation.
Un excès de cholestérol (ou une carence) peut donc avoir trois origines :
1 - Un problème de synthèse du cholestérol par le foie
La production de cholestérol par le foie ne fonctionne pas correctement : soit il en produit trop, soit il n'en produit pas suffisamment.
2 - Une mauvaise régulation du cholestérol par le foie
Le système de régulation du cholestérol ne fonctionne pas correctement. En temps normal, le foie maintient un taux de cholestérol stable dans notre sang. Pour ce faire, il adapte sa production à la hausse ou à la baisse pour compenser notre alimentation. Ainsi, lorsque nous mangeons trop de cholestérol, notre foie le détecte et en produit moins. Si ce système de régulation naturel se détraque, des excès ou des carences sont possibles.
3 - Des apports extérieurs trop élevés ou trop faibles
Autrement dit : une alimentation trop riche ou trop pauvre en cholestérol et en mauvaises graisses. C'est la cause la plus fréquente de l'excès de cholestérol aujourd'hui. Notre foie est face à une quantité de cholestérol si importante qu'il ne parvient pas à la réguler complètement. En cas d'excès, le cholestérol s'accumule alors dans le sang.
Notre foie produit la plus grosse partie du cholestérol nécessaire. Il le fabrique à partir des matières premières fournies par notre alimentation : graisses, sucres et protéines issus de la digestion.
Notre alimentation ne fournit directement à l'organisme qu'environ 20 % du cholestérol qu'il contient. Ce cholestérol alimentaire est présent uniquement dans les graisses d'origines animales : les viandes, les œufs, la charcuterie et les produits laitiers, par exemple.
Les autres graisses alimentaires n'ont pas d'impact sur la quantité totale de cholestérol dans notre corps. En revanche, elles peuvent agir sur la forme qu'il prend. Ce que nous mangeons peut en effet augmenter ou diminuer la quantité de LDL ou de HDL en circulation dans notre sang. Ces protéines sont ensuite associées au cholestérol par notre foie pour former le LDL-cholestérol ("mauvais" cholestérol), et le HDL-cholestérol (ou "bon" cholestérol).
On sait notamment que les graisses suivantes on un effet néfaste sur l'équilibre entre "bon" et "mauvais" cholestérol :
À lire aussi > Pour mieux comprendre les graisses dans l'alimentation et leurs liens avec le cholestérol : Tout savoir sur les lipides.
L'augmentation dangereuse du cholestérol ou des triglycérides (voir plus bas) peut également être la conséquence d'autres maladies ou de certains traitements médicaux. Par exemple :
Cas de l'hypercholestérolémie familiale
L’Hypercholestérolémie Familiale est une maladie caractérisée par une élévation du LDL-cholestérol ("mauvais" cholestérol) dès la naissance. Son origine est génétique.
Il existe deux formes d’hypercholestérolémie familiale :
• Une forme homozygote associée à un taux de LDL-cholestérol 6 à 8 fois supérieur à la normale (entre 6 et 12 g / L). Cette forme rare affecterait 1 personne sur 1 000 000, soit environ 65 personnes en France.
• Une forme hétérozygote associée à un taux de LDL-cholestérol au moins 2 fois supérieur à la normale (entre 1,9 g / L et 4 g / L). 1 personne sur 250 serait atteinte en France.
Homozygote ou hétérozygote : ça veut dire quoi ?
Ces taux anormalement élevés de LDL-cholestérol sont liés à sa mauvaise élimination de la circulation sanguine. Ce « mauvais cholestérol » peut s'accumuler aux niveaux :
• Des artères , ce qui favorise dès l'enfance la progression de l'athérosclérose à l'origine de complications cardiovasculaires, souvent précoces (avant 20 ans chez les patients homozygotes et avant 50-60 ans chez les patients hétérozygotes)
• De la peau, sous forme de nodules ou de plaques jaunâtres. qui se forment au niveau des tendons de la main ou des tendons d'Achille et des paupières
• De l'œil, formant un arc de cercle blanchâtre autour des iris
Vous avez un excès de cholestérol ? Pas de panique, il existe différents moyens d'aider votre corps à mieux le réguler pour revenir en dessous de seuils de l'hypercholestérolémie :
Fameux pour ses bienfaits sur la santé, le régime méditerranéen nous est souvent conseillé lorsqu'on souffre d'excès de cholestérol. Riche en fruits et légumes, il privilégie l'huile d'olive et les poissons aux viandes rouges, plus riches en graisses. Mais d'autres conseils peuvent également vous aider :
À lire aussi > Tout savoir sur les lipides : quelles graisses éviter en cas d'excès de cholestérol ?
Une recette proposée par Pilon Pilé
À partir de 80 ans, pas de restrictions !
En raison d'un trop grand risque de dénutrition, il est déconseillé d'appliquer des restrictions alimentaires pour les personnes qui ont plus de 80 ans.
On sait qu'au cours de l'effort, notre organisme utilise le cholestérol pour mieux fonctionner. De nombreuses études ont également montré que la pratique régulière d'une activité physique permet d'améliorer le taux de cholestérol. Plus précisément, selon la Fédération Française de Cardiologie, l'exercice permet d'élever le taux de HDL-cholestérol jusqu'à 30 %, et de diminuer le LDL-cholestérol.
Pour observer ces effets positifs, il faut pratiquer une activité physique modérée ou intense au moins 30 minutes, 5 fois par semaine. Après trois mois à ce rythme, le taux de LDL-cholestérol baise déjà de 10 % en moyenne.
On le sait peu, mais le tabac influence notre taux de cholestérol. En effet, fumer fait baisser le taux de Cholestérol HDL, responsable du nettoyage de nos artères !
Le tabac diminue également notre sensibilité aux goûts et aux odeurs, et pousse souvent le fumeur à rechercher des saveurs plus prononcées, et donc des aliments plus riches en acides gras saturés, susceptibles de faire augmenter le LDL-cholestérol.
Pour améliorer notre taux de cholestérol, arrêter de fumer est donc une excellente idée !
Il n'y a en revanche pas de lien direct établi entre la consommation d'alcool et le taux de cholestérol. Boire de l'alcool ne fait pas grimper le taux de LDL-cholestérol, ou "mauvais cholestérol". Cela dit, il augmente le taux de triglycérides, un autre type de graisses dont l'excès peut également entraîner des problèmes de santé .
Les triglycérides sont des graisses d'un autre type que le cholestérol. Ce sont, en fait, les graisses les plus communes dans l'organisme. Comme le cholestérol, les triglycérides sont en partie issues de notre alimentation, et en partie produites par notre foie à partir de l'alcool et de l'excès de sucre que nous mangeons.
Stockés dans nos tissus graisseux, les triglycérides constituent une importante réserve d'énergie pour notre corps. Ils sont également chargés de convoyer certaines vitamines dans le sang (A, D, E et K). Comme le cholestérol, ils sont donc indispensables à notre santé. Mais en quantité trop importante, ils peuvent être néfastes et augmentent le risque de maladies du cœur et des artères.
Outre un apport en gras trop important, une alimentation trop riche en sucre ou en alcool peut être a l'origine d'un excès de triglycérides. Lorsqu'on souffre d'un diabète mal équilibré, d'alcoolisme ou lorsqu'on est en surpoids, on a plus de risque de présenter un excès de triglycérides.
Pour faire diminuer son taux de triglycérides, les même règles s'appliquent que pour le cholestérol :
Dans la plupart des cas, ces mesures simples permettent de ramener le taux de triglycérides dans des valeurs normales. Lorsque ces mesures sont insuffisantes ou lorsqu'on présente déjà d'autres risques pour la santé cardiaque, un traitement médicamenteux peut nous être prescrit.
Comme pour le cholestérol, la carence en triglycérides est très rare. Elle est liée à un manque d'apport dans l'alimentation, ou à une cause génétique.
L'excès de cholestérol et de triglycérides peut concerner tout le monde. On estime qu'un adulte sur cinq environ présente un taux de LDL-cholestérol ou de triglycérides élevé en France. À partir d'un certain âge, il est donc indispensable de surveiller ces valeurs pour mieux se protéger du risque de maladies du cœur et des vaisseaux.
Les taux de triglycérides et de cholestérol sont mesurés lors d'un bilan lipidique. Il s'agit d'une prise de sang à jeun, qui va permettre de mesurer la quantité de graisses dans notre sang. D'où son nom : le mot "lipidique" fait référence aux lipides, nom scientifique des matières grasses qui composent les êtres vivants. Lors d'un bilan lipidique, on mesure les éléments suivants :
Le bilan lipidique permet de diagnostiquer un excès de cholestérol ou de triglycérides. Il est généralement prescrit régulièrement dans les cas suivants :
Les chiffres ne disent pas tout
Lorsqu'on réalise un bilan lipidique, il est naturel de prêter attention aux chiffres du cholestérol et des triglycérides. Mais ces chiffres ne suffisent pas à donner une idée claire de notre situation. Les valeurs du cholestérol peuvent en effet être interprétées de manière différente en fonction de notre état de santé général : diabète, santé rénale, hypertension, antécédents familiaux, autres facteurs de risque pour le cœur et les vaisseaux sanguins, etc. C'est pourquoi il est indispensable de faire le point avec notre médecin traitant pour discuter de notre hygiène de vie et de notre historique.
Oui ! Depuis plusieurs année maintenant, il est possible de se procurer en pharmacie des auto test, c'est à dire des tests a réaliser soi même à la maison pour connaitre son taux de cholesterol.
Il existe schématiquement deux types de tests d’auto-mesure du cholestérol. Leur utilisation est simple et très similaire d’un produit à l’autre :
Ces dispositif ne sont pas remboursés.
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Publié le 29/03/19
Cet article a été rédigé avec des professionnels de santé de La Réunion.
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SOURCES
https://bebooda.fr/wp-content/uploads/2017/09/Cholest%C3%A9rol-Mybebooda.pdf
https://www.vidal.fr/recommandations/1469/dyslipidemies/la_maladie/
https://www.jle.com/download/abc-310591-le_bilan_lipidique_en_2017--XDMCV38AAQEAAAxoTyUAAAAC-a.pdf
http://www.realites-cardiologiques.com/wp-content/uploads/sites/2/2010/11/0214.pdf
Le sport permet-il de faire baisser le cholestérol ? — Fédération Française de Cardiologie
Activité physique et santé, p.16 — Programme National Nutrition Santé
Maîtriser son taux de cholestérol — Fédération Française de Cardiologie
Les méfaits du tabac sur le cœur et les vaisseaux — Fédération Française de Cardiologie
Agir contre le cholestérol pour réduire les risques cardiovasculaires — Fédération Française de cardiologie
Artérite des membres inférieurs — AMELI.fr
Quand faut-il faire un bilan lipidique ? — AMELI.fr