Manger bio, c’est mieux ? Approvisionnement, coût, production bio ou conventionnelle : les points clés pour choisir ses fruits et légumes à La Réunion, savoir où les acheter, et quand ! 

Cet article a pour vocation de donner des informations concrètes sur la filière Bio à La Réunion, n’hésitez pas à nous signaler des initiatives existantes et non répertoriées ici.

Ça veut dire quoi “bio” ?

Le “bio” désigne un produit issu de l’agriculture biologique, c’est-à-dire dont la production n’a nécessité aucun produit chimique de synthèse comme par exemple les pesticides, les herbicides ou les hormones de croissance.

Pourquoi manger “Bio” ?

Parce que manger bio réduirait de 25% le risque de développer un cancer.

Selon une étude parue le 22 octobre 2018, les consommateurs réguliers d’aliments issus de l’agriculture biologique diminueraient de 25% leur risque de développer un cancer. Selon les chercheurs, cela pourrait s’expliquer notamment parce que :

  • Les produits issus de l’agriculture conventionnelle (c’est à dire non bio), contiendraient des restes de pesticides synthétiques plus importants que ceux issus de l’agriculture bio.
  • Les produits issus de l’agriculture bio contiendraient un plus grand nombre de micronutriments essentiels au bon fonctionnement de l’organisme (antioxydants, vitamine C…)

Des résultats qui vont dans le sens des recommandations du Haut Conseil de Santé Publique, qui conseillait déjà en 2017 de favoriser les aliments cultivés selon des modes de production qui diminuent l’exposition aux pesticides.

Comment manger “Bio” ?

La production bio à La Réunion : bonne nouvelle, l’agriculture biologique à La Réunion se développe de plus en plus !

Avec 170 producteurs fin 2015 et 464 hectares de surface agricole utiles bio, la filière fournit de plus en plus de produits sur les marchés créoles, mais aussi dans les moyennes et grandes surfaces et les enseignes spécialisées. La majeure partie de cette production concerne les fruits et légumes avec 2 200 tonnes en 2015. La première place est occupée par le chouchou, mais la production de laitue et de tomates bio est aussi bien développée. Côté fruits, les letchis représentent la moitié de la production de fruits bio.

Le prix du bio : on estime à 20 % l’écart de prix entre un produit bio et un produit issu de l’agriculture conventionnelle. Une différence de prix qui diminue quand le nombre d’intermédiaire baisse. Acheter sur les marchés réduit donc l’écart entre produits bio et non bio !

Où trouver des produits “Bio” ?

  • Les marchés : en plus des marchés forains classiques où se trouvent souvent des producteurs bio, il existe des marchés entièrement dédiés au bio :
    •  le marché bio de l’Éperon se tient tous les samedis matin.
    • marché bio de La Possession tous les 2 ème dimanche du mois à compter de 2019.
    • le marché bio Solidari’Terre de l’AREC, a lieu tous les samedis matin et mercredis après midi dans la pépinière de Grande Anse à Petite-île. Condition de participation : être adhérent de l’association pour un coût de 40€ par an et par foyer.
  • Les paniers bio :
    • Les paniers bio Solidari’Terre sont livrés dans le sud par l’AREC(Association pour le Respect de l’Environnement et du Cadre de vie). Comptez 10€ le panier de 3 kg et 15€ le paniers de 5 kg. Ajoutez 2€ pour la livraison.
    • Le potager de Xavier propose des paniers de fruits et légumes bio à 25€ à récupérer à l’Étang Salé Les Hauts ou à la Saline selon les jours. La composition des paniers est communiquée à l’avance par le biais d’une newsletter.
    • Les paniers fraîcheurs Vivéa : coopérative d’agriculteurs qui propose des productions conventionnelles, raisonnées ou bio et livre des paniers fraîcheurs, bio ou pas. Commande en ligne, à partir de 3 paniers, livraison sur votre lieu de travail.
  • Le bio pour tous : 1€ le kg de fruits et légumes bio, c’est possible ! L’opération a lieu tous les mois et toutes les infos sont relayées sur la page Facebook de l’Union des Producteurs Biologiques de La Réunion.
  • Direct producteurs : la liste complète des producteurs du Groupement Agriculture Biologique de La Réunion est à retrouver sur le site internet du GAB. Vous y trouverez le contact du producteur, le type de production, sa localisation et les points de vente sur lesquels il est présent.
  • Épiceries et boutiques : 
    • Au comptoir du Pic Adam à Sainte-Clotilde : Épicerie coopérative, produits péi, bio et circuit court.
    • Le comptoir du Vrac à Saint-Leu : Épicerie collaborative qui fonctionne sur le bénévolat, produits en vrac, bio, locaux ou importés avec un “plus” : un engagement zéro déchet.
    • Le potager de Xavier propose sa production bio dans sa boutique de l’étang Salé les Hauts mais également sur l’exploitation située au rond point de Corail Hélicoptère à la Saline les Hauts, toutes les infos sur la page facebook du potager de Xavier.

Et si je ne peux pas manger “Bio” ?

Pas de panique ! La filière agricole conventionnelle à La Réunion tend à utiliser de moins en moins de pesticides : – 15% sur l’ensemble de l’île depuis 2011, et ce n’est pas fini ! L’objectif est d’atteindre – 50% à l’horizon 2025.

La filière conventionnelle à La Réunion

Cet effort est rendu possible par la déclinaison au niveau régional du plan Ecophyto, qui vise à baisser l’utilisation des pesticides par les agriculteurs grâce à des actions d’accompagnement, de formation et de recherche.

Aujourd’hui, près de 2000 agriculteurs réunionnais ont été formés aux méthodes de productions agroécologiques et l’opération commence à porter ses fruits : 30 % de la production de mangue réunionnaise a baissé de + de 40 % l’utilisation de pesticides.

Vous proposez des produits bio ou direct producteurs ? N’hésitez pas à nous contacter (info@masante.re) pour répertorier votre initiative.

Et l’agriculture raisonnée alors ?

Aujourd’hui, on ne parle plus d’agriculture raisonnée, mais de “certification environnementale” ! Cette certification vise à reconnaître les agriculteurs engagés dans des démarches pour améliorer l’impact de leur production sur l’environnement. Mais l’initiative démarre tout juste à La Réunion et il n’existe pour le moment pas de circuit d’approvisionnement identifié pour ces productions.

J’épluche ou je nettoie mes fruits et légumes au Bicarbonate

L’épluchage reste la méthode la plus efficace pour se débarrasser des résidus de pesticides à la surface. Mais ce n’est pas la seule. Plusieurs études démontrent l’intérêt de laver ses fruits et légumes dans un bain de bicarbonate de sodium alimentaire pendant 15 minutes avant de les consommer. La technique permet de se débarrasser de plus de pesticides qu’avec un simple rinçage à l’eau.

Je consomme des fruits et légumes de saison

Les produits locaux et de saison ont plus de goût parce qu’ils mûrissent au soleil à bonne température et non lors des transports, et développent donc des arômes plus riches. Ils apportent également de meilleurs bénéfices à l’organisme : en effet, comme ils n’ont pas besoin d’être traités autant que les productions hors saison, les fruits et légumes de saison sont plus riches en antioxydants. Enfin, ils sont censés être moins chers : en achetant des fruits et des légumes lors de leurs pics de production, vous les payez généralement moins chers parce qu’ils sont disponibles en plus grande quantité. Pour consommer de saison et favoriser l’agriculture péi, c’est par ici :

  • AMAPéi : Les AMAP sont des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. Leur objectif : mettre en relation les consommateurs avec des exploitations locales. Les producteurs font de l’agriculture conventionnelle et même parfois du bio, et vous êtes assurés de manger des fruits et légumes de saison et de soutenir l’activité péi.
  • En ligne
    • La Ruche qui dit oui : il existe 28 Ruche à La Réunion, le principe : favoriser le circuit court et commander en ligne les produits dont vous avez besoin auprès des producteurs péi. Vous irez ensuite les récupérer dans la Ruche à laquelle vous vous êtes inscrits. Le service est payant, commission sur les commandes de 20%, et les produits ne sont pas forcement bio, mais on reste dans la consommation locale et de saison.
    • Culture péi : “Encourager les circuits courts et la consommation locale, afin de soutenir les petits producteurs et favoriser les produits cultivés de façon non industrielle”, c’est l’objectif affiché sur le site culture péi. Il n’y a pas que du bio, mais la barre de recherche du site vous permet d’ajouter ce critère pour affiner vos recherches.

Le rapport de “Générations futures” sur l’agriculture réunionnaise

Dans son rapport de février 2018, “Générations futures” fait le point sur la présence de pesticides dans les fruits et légumes consommés en France.

Mauvaise surprise ! La production réunionnaise est pointée du doigt avec des fruits parmi les plus contaminés à l’échelle nationale. C’est le cas des clémentines et des oranges réunionnaises mais aussi des citrons, des ananas ou encore des mangues locales. Suite à ce rapport, en novembre 2018, l’association a décerné des “Glyph’Awards” aux régions utilisant le plus de glyphosate. Résultat, La Réunion était sur la deuxième marche du podium.

Un constat inquiétant pour les consommateurs mais qu’il faut nuancer :

• Les chiffres relevés prennent en compte les quantités totales de pesticides vendues sur l’île, et non des quantités vendues uniquement aux exploitants agricoles. Les pesticides utilisés notamment pour l’entretien des jardins publics, dans les cimetières, par les particuliers ou dans le cadre de la lutte antivectorielle sont donc également comptabilisés.

• Interrogé sur ce rapport, le directeur général de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) précise dans un communiqué faisant suite au rapport de Générations Futures : “La présence de traces de pesticides dans les denrées alimentaires à des teneurs inférieures ou égales à la LMR (limites maximales de résidus, NDLR), ou même un dépassement ponctuel, ne présentent pas un risque pour la santé du consommateur.”

• Il est recommandé de laver et d’éplucher vos fruits et légumes avant consommation, c’est dans la peau que les pesticides sont souvent présents.

• Les agriculteurs réunionnais sont accompagnés par la chambre d’agriculture pour baisser de 50% l’utilisation de pesticides dans les cultures d’ici 2025.

À retenir dans cet article

  • Manger des fruits et légumes bios apporte de nombreux bienfaits pour la santé, et permettrait de diminuer les risques de cancer.
  • La filière bio réunionnaise se développe rapidement, et les produits bio locaux sont de plus en plus largement disponibles.
  • Malgré tout, manger bio reste plus cher. Pour diminuer cet écart de prix, le mieux est de s’approvisionner directement auprès des producteurs.
  • À La Réunion, l’agriculture conventionnelle emploie de moins en moins de pesticides. Les acteurs de la filière veulent même diminuer leur utilisation de moitié d’ici 2025.
  • Même issus de l’agriculture conventionnelle, les fruits et légumes sont indispensables à une alimentation saine ! Ils apportent de nombreux bienfaits à l’organisme, et sont bien meilleurs pour la santé que les aliments industriels et les plats préparés.

Perturbateurs endocriniens : La Réunion concernée

Que sont les perturbateurs endocriniens, et quels sont leurs effets et leurs dangers pour l’homme ? Le point sur la situation à La Réunion avec le Dr Kowalczyk.

Sources

Manger bio réduirait le risque de cancer — Science actualités.fr

Moins de cancers chez les consommateurs d’aliments bio — Inserm

La production biologique réunionnaise — DAAF

Étude de faisabilité sur le développement d’une filière économique basée sur l’agriculture biologique — Rapport Nexa

États des lieux des résidus de pesticides dans les fruits et légumes en France — Générations futures

Le Vaucluse, La Réunion, la Martinique et la Gironde sont les départements qui utilisent le plus le glyphosate — France Inter

Révision des repères alimentaires pour les adultes du futur Programme national nutrition santé 2017-2021 —HCSP

Une certification agricole pour les exploitants agricoles —Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation

Etude, de l’efficacité du bicarbonate de soude — Journal of Agricultural and food chemistry

Présence de traces de contaminants chimiques dans les aliments : trois questions à Roger Genet — Anses

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Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.