Les effets de l’alcool sur la santé du cœur et des vaisseaux sanguins font toujours débat, mais une chose est sûre aujourd’hui : il n’existe pas de consommation d’alcool sans risque. Explications.

À retenir dans cet article

  • L’idée selon laquelle boire du vin sans en abuser pourrait avoir un effet protecteur sur le cœur est de plus en plus contestée.
  • Quoi qu’il en soit, il n’existe pas de consommation d’alcool sans risque. Les multiples dangers de l’alcool annulent ses éventuels effets protecteurs, et ce dès le premier verre.
  • Une consommation d’alcool excessive est clairement reliée à une augmentation des risques de maladies du cœur et des artères.

On sait aujourd’hui que l’alcool est la cause directe de certaines maladies comme la cirrhose du foie, l’inflammation du pancréas (pancréatite) ou encore la neuropathie périphérique, une atteinte du système nerveux qui provoque des douleurs au niveau des jambes.

Mais l’alcool peut également aggraver certaines maladies dont il n’est pas directement responsable. On parle alors de facteur de risque. C’est le cas notamment pour :

  • Certaines maladies cardiovasculaires : hypertension artérielle, insuffisance cardiaque
  • Certaines maladies chroniques : insuffisance rénale, diabète, dépression
  • Certains cancers

On considère que l’alcool tue aujourd’hui à peu près un homme sur 10 en France, et un peu moins d’une femme sur 20.

Qu’est-ce qu’une consommation d’alcool modérée ?

Une consommation qui ne dépasse pas le seuil des recommandations officielles. En France, la règle est simple et tient en une phrase :

Pas plus de 2 verres par jour, et pas tous les jours !

BIENFAITS DE L’ALCOOL : UNE IDÉE CONTESTÉE

On a souvent entendu dire qu’une consommation d’alcool modérée peut avoir des effets bénéfiques, notamment sur le plan cardiaque. À en croire certaines études, boire un voire deux verres de vin par jour serait plutôt bon pour la santé. Mais cette idée est de plus en plus contestée.

Elle est basée sur une tendance générale observée à l’échelle d’un groupe : lorsqu’on étudie plusieurs centaines de personnes, on constate qu’en moyenne, les personnes qui consomment de l’alcool modérément sont moins sujettes à certaines maladies du cœur et des artères : AVC ischémiques, infarctus du myocarde.

Pourtant, il n’est pas possible de déduire que consommer de l’alcool modérément protège le cœur ! En réalité, les choses sont un plus complexes :

  • Cela reflète une réalité statistique, mais n’apporte pas d’explication. Cette idée ignore par exemple les nombreux autres déterminants de santé susceptibles d’avoir une influence sur la santé du cœur : consommation de tabac, situation sociale et professionnelle, pratique d’une activité physique, qualité de l’alimentation et du sommeil, etc. Il est donc possible que les buveurs modérés étudiés aient une meilleure santé cardiaque en raison d’autres facteurs que leur consommation d’alcool.
  • Ce qui est observé à l’échelle d’un groupe n’est pas forcément valable pour un individu. En fonction d’autres facteurs de risque personnels, je pourrai très bien être un buveur modéré et être victime d’un infarctus du myocarde, alors que mon voisin qui ne boit pas du tout d’alcool restera en bonne santé toute sa vie.
  • Les données de ces études ne sont pas forcément toujours fiables. La mesure de la consommation d’alcool chez les personnes étudiées est réalisée grâce à des questionnaires. La question se pose donc toujours de savoir si les participants renseignent leur consommation de manière exacte… En 2019, une étude chinoise qui se ne basait pas sur des questionnaires mais plutôt sur des facteurs génétiques pour prédire la consommation d’alcool a par exemple obtenu d’autres résultats : dans cette étude, la courbe redevient linéaire. C’est-à-dire qu’un buveur modéré aurait finalement plus de risques de développer ces maladies du coeur qu’une personne qui ne boit pas du tout d’alcool.

Médecins, experts et chercheurs ne sont toujours pas d’accord entre eux sur cette question. En revanche, tous considèrent aujourd’hui qu’une consommation excessive d’alcool est dangereuse pour la santé en général, et pour la santé du cœur en particulier.

  • Comme le montre la courbe, à partir d’un certain seuil, plus on consomme d’alcool, et plus le risque de développer des maladies liées à une mauvaise oxygénation du cœur augmente.
  • La consommation régulière d’alcool est reliée à une élévation de la tension artérielle, systolique comme diastolique. Cette augmentation va dépendre de la quantité d’alcool consommée : plus on en consomme, plus la tension artérielle augmente. Elle s’observe essentiellement pour des consommations supérieures aux recommandations.
  • La consommation d’alcool est également associée à une augmentation du HDL cholesterol, souvent appelé “bon cholestérol“, ainsi qu’à une augmentation des triglycérides.

L’ALCOOL DANGEREUX DÈS LE PREMIER VERRE

Quels que soient les effets d’une consommation modérée d’alcool sur notre santé cardiaque, une étude respectée a récemment alerté sur les dangers de la boisson, et ce dès le premier verre.

En 2018, la revue The Lancet publie une étude portant sur plus de 28 millions de personnes à travers le monde. Elle relie la consommation d’alcool à 23 problèmes de santé, parmi lesquels on retrouve les accidents de la route, plusieurs cancers, et différentes maladies chroniques comme le diabète. Selon les résultats, il suffirait d’un seul verre par jour pour voir augmenter le risque de développer l’un de ces problèmes.

Sources

« French paradox » : une consommation modérée d’alcool n’a pas d’effet protecteur – The Conversation

Alcool et maladies chroniques – CCSA

Effets de l’alcool sur le système cardiovasculaire – INSERM

Hypertension artérielle : impact positif et dose-dépendant d’une diminution de la consommation d’alcool – VIDAL

Alcohol use and burden for 195 countries and territories, 1990–2016 – The Lancet

La mortalité attribuable à l’alcool en France en 2015 — BEH, Santé Publique France

Partager :

Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.