Largement répandue et banalisée à La Réunion comme en France, la consommation excessive d’alcool est pourtant responsable d’un décès sur 6 sur l’île et peut causer de nombreux problèmes de santé. Le point sur votre consommation, les risques associés et les règles de prudence à respecter pour rester en bonne santé !

Un Réunionnais sur 10 boit de l’alcool tous les jours et La Réunion figure parmi les régions françaises où il tue le plus, derrière Le Nord et la Bretagne. Pour autant, boire un bon verre de vin de temps en temps, apprécier une bière au coucher de soleil ou le dimanche lors d’un pique-nique est une habitude culturelle bien ancrée dans l’île et dans la majorité des cas, une consommation raisonnable ne pose pas de problème de santé. Reste à savoir où se situe la frontière entre une consommation raisonnable et une consommation abusive..

«​Donc oui, boire plus de 4 verres de bière à l’apéro, c’est beaucoup ! ».

QUAND EST-CE QUE LE PLAISIR DEVIENT UNE DÉPENDANCE ?

Il n’existe pas de frontière nette entre une consommation d’alcool sans risque et une consommation dangereuse. Toutefois, des experts ont mis en évidence que les risques pour la santé liés à la consommation d’alcool augmentaient au-delà d’un certain seuil. Plus on dépasse ce seuil, plus le risque est important.

Les recommandations sont les suivantes :

  • Femmes et hommes : pas plus de 2 verres  par jour.
  • Pas tous les jours : au moins 2 jours dans la semaine sans consommation.
  • Pas plus de 10 verres par semaine.

​Donc oui, boire plus de 4 verres de bière à l’apéro, c’est beaucoup !

En termes d’équivalence sachez que 4 verres de vin = 4 mojitos =  1 L de bière = 4 unités d’alcool

1 bouteille de whisky = 20 unités d’alcool environ !

alcool-equivalences

Mais sachez que pour évaluer les dangers de votre consommation d’alcool, ces critères ne sont pas les seuls à prendre en compte : vos habitudes de consommation et votre mode de vie sont aussi importants.

Pour des conseils pratiques, lisez notre article “Comment sa réduire sa consommation d’alcool

AUDIT à réaliser

Si vous voulez faire le point sur votre consommation et savoir si elle présente des risques pour votre santé :

Comment savoir si j’ai un problème avec l’alcool ? Santé Publique France

QUAND EST-CE QU’ON NE DOIT PAS BOIRE DU TOUT ?

Sachez qu’il existe des situations où il est fortement recommandé de ne pas boire :

  • Pendant toute la durée de la grossesse et de l’allaitement : les effets de l’alcool sur le fœtus peuvent être dévastateurs (lire notre article sur le SAF notamment), et l’alcool consommé se retrouve en partie dans le lait maternel, avec des conséquences possibles sur le sommeil du bébé ou son développement. Voir plus bas pour plus d’information.
  • Pendant l’enfance et l’adolescence : le cerveau des enfants et des adolescents n’est pas encore complètement formé et ils sont plus sensibles aux effets de l’alcool que les adultes. Certaines études montrent qu’une consommation exceptionnelle, même “juste pour goûter”, peut suffire à favoriser des comportements addictifs par la suite. Si un jour votre ado revient ivre de soirée, le site Alcool Info Service propose des conseils pour aborder la discussion : à lire ici
  • Quand on prend certains médicaments : consultez la notice de vos traitements ou demandez à votre pharmacien !
  • En cas de certaines maladies comme : l’épilepsie, hépatite ou pancréatite par exemple.
  • Lorsqu’on exécute des tâches qui demandent beaucoup d’attention, de rigueur ou de précision : travaux en hauteur, utilisation d’outils dangereux, garde d’enfants, etc.
  • Quand on conduit un véhicule ou une machine : voiture, deux roues, tracteur, engin de chantier, etc. Parce que l’alcool, dès la première dose, diminue les réflexes et l’attention.
  • Sur le lieu de travail

GROSSESSE ET ALCOOL : C’EST LE BÉBÉ QUI TRINQUE !

Pendant la grossesse, la consommation d’alcool est particulièrement toxique : dans le ventre de la maman, l’alcool passe dans le sang du bébé et ne peut pas être éliminé par le foie du bébé qui n’est pas encore mature. L’alcoolisation fœtale est la première cause non génétique de handicap mental en France (1,3 pour 1 000 naissances vivantes par an). La présence d’alcool perturbe le développement de l’enfant qui peut naître avec :

  • Un retard de croissance intra uterin (petit poids à la naissance)
  • Des dysmorphies cranio faciales
  • Un retard de développement psycho-moteur (difficultés d’apprentissage, troubles du langage, problèmes de mémoire et de raisonnement, troubles de l’équilibre, du temps de réaction, de coordination des mouvements, etc.).
  • Des troubles du développement social peuvent également apparaître à l’adolescence, ainsi que des troubles psychiques.

Pour en savoir plus sur le Syndrome Alcoolo-Fœtal (SAF) à La Réunion, consultez notre article ici.

Grossesse et alcool, Santé Publique France

QUE SE PASSE-T-IL QUAND ON CONSOMME TROP D’ALCOOL ?

Quand on consomme une boisson alcoolisée, la plus grande partie est transformée au niveau du foie ; le reste (environ 10%) l’est par les poumons, la peau et les reins. Cela demande du temps.

Tant que le foie n’a pas fini son travail, l’alcool reste présent dans le corps, notamment dans le sang et le cerveau, dont il ralentit et perturbe l’activité : c’est ce que l’on appelle « l’ivresse ».

En effet, après une courte période d’excitation (sensations agréables de détente, de plaisir, d’euphorie…), l’alcool “engourdit” le cerveau. Cela se traduit par une mauvaise coordination des mouvements, un ralentissement des réflexes et des difficultés de concentration, des troubles de l’équilibre, des troubles de l’attention et du comportement… et des risques peuvent apparaître :

  • Accidents de la circulation,
  • Accidents du travail et de la vie courante,
  • Agressivité, violence,
  • Désinhibition pouvant entraîner des conduites à risque, comme des relations sexuelles non consenties ou non protégées,
  • Délits…

QUELS SONT LES RISQUES POUR LA SANTÉ À LONG TERME ?

Au-delà de ces risques immédiats, l’abus d’alcool a des effets importants dans la durée et peut provoquer des maladies spécifiques :

  • Cancers de la bouche, de la gorge, de l’œsophage, de l’intestin, du foie, du pancréas
  • Maladies cardio-vasculaires (hypertension artérielle, troubles du rythme cardiaque, AVC),
  • Cirrhose du foie, pancréatite aigue ou chronique,
  • Atteintes du système nerveux central (syndrome de Korsakoff) ou périphérique (polynévrite des membres inferieurs….)
  • Troubles cognitifs (troubles de la mémoire, angoisse, anxiété, dépression, insomnie, suicide),
  • Troubles sexuels (désinhibition, troubles de l’érection chez l’homme et du plaisir chez la femme, baisse de la fertilité),
  • Baisse de l’immunité,
  • Dépendance.

À SAVOIR

À La Réunion, 220 personnes meurent en moyenne chaque année des suites d’une consommation abusive d’alcool et des maladies qu’elle induit. Cela représente près d’un décès sur six.

QU’EST-CE QUE L’ALCOOLÉMIE, ET COMMENT LA MESURER ?

L’alcoolémie correspond au taux d’alcool dans le sang. Elle est exprimée en grammes d’alcool par litre de sang. Plus on a bu, et plus elle est élevée. Elle se mesure de deux façons :

  • Par une prise de sang
  • Par un alcootest qui mesure le taux d’alcool dans l’air expiré

Hommes et femmes ne sont pas égaux devant l’alcoolémie

Sachez que l’alcoolémie ne dépend pas seulement de la quantité d’alcool consommée mais également du sexe et du poids. À consommation égale, les femmes sont plus sensibles à l’alcool que les hommes en raison de la composition du corps différente chez la femme et l’homme.

Les femmes ont en moyenne davantage de tissus adipeux et moins d’eau par kilo que les hommes. Or L’alcool est plus soluble dans l’eau que dans la graisse. La concentration d’alcool dans le sang dépend donc surtout de la quantité d’eau contenue dans le corps.

À poids égal, le corps d’une personne qui a moins de tissus adipeux contient davantage d’eau que celui d’une personne qui en a plus : l’alcool s’y diluera donc mieux.

En règle générale, les personnes plus lourdes ont aussi davantage d’eau dans leur corps et donc une alcoolémie plus faible avec la même quantité d’alcool ingérée.

Le niveau d’alcoolémie varie également en fonction d’autres facteurs :

  • La durée de consommation : quand on boit beaucoup d’alcool en peu de temps, le foie a du mal à éliminer et l’alcoolémie augmente plus vite.
  • L’alimentation : si l’on boit sans manger, l’alcool passe plus rapidement dans le sang et ses effets sont plus importants, et le risque de coma éthylique augmente.

Les aliments gras ou sucrés consommés au cours d’un repas freinent l’alcoolémie. Celle-ci augmente alors moins vite. Mais attention : si l’alcoolémie augmente moins vite en mangeant, elle ne diminue pas pour autant !

À QUELLE VITESSE MONTE ET BAISSE L’ALCOOLÉMIE ?

Après avoir bu, l’alcoolémie augmente rapidement, mais à une vitesse différente selon que la boisson a été consommée à jeun ou au cours d’un repas :

  • Au cours d’un repas : le taux maximum est atteint au bout d’une heure environ
  • À jeun : le taux maximum est atteint au bout d’une demi-heure

Chaque verre d’alcool consommé fait monter le taux d’alcoolémie de 0,20 g à 0,25 g en moyenne, mais selon l’âge, la corpulence et le sexe du buveur, un même verre pourra représenter un taux d’alcoolémie de 0,30 g.

L’élimination de l’alcool dépend ensuite de la quantité totale consommée, du poids, du sexe et de la durée de consommation. Elle est sujette à de fortes variations individuelles.

En France, il est interdit de conduire un véhicule avec une alcoolémie égale ou supérieure à 0,5 g/l, ce qui correspond à une consommation située entre 1 et 2 verres. Pour les jeunes conducteurs, la limite est à 0,2g/L, ce qui correspond à 0 verre.

0,2g/l, c’est ZERO verre d’alcool — Sécurité routière

POUR ALLER PLUS LOIN

  • Les maladies liées à l’alcool — Ameli 
  • Grossesse et boissons alcoolisées — Eureka
  • Tous les articles sur l’alcool — Santé.fr

Sources

L’essentiel sur l’alcool | ANPAA

Les maladies liées à l’alcool | AMELI.FR

Grossesse et boissons alcoolisées | Eurêka Santé (Vidal)

Alcool Info Service | Siteweb

Comportements Addictifs à La Réunion, tableau de bord | ORS-OI

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Tous nos articles sont rédigés avec l’aide de professionnels de santé de La Réunion.